Les réactions de l'Etat à l'époque de l'épidémie
Les milieux médicaux militaires « n’ont pas de suite perçu l’ampleur ni la vigueur de l’épidémie », constate Sophie DELAPORTE, auteur d’une thèse en 1998, sur la maladie pendant la première guerre mondiale. « On ne compte qu’un médecin pour 203 hommes d’effectifs dans les armées en 1918 » ajoute-t-elle.
En effet, le gouvernement français ne semblait pas avoir conscience de l’ampleur du désastre. Tout d'abord, rien n'est publié dans les journaux, seulement des petits articles disant que la grippe ne mérite pas une quelconque attention. Ainsi, le 6 juillet 1918, un article du quotidien Le Matin assure que la grippe est « bénigne » en France, alors que l’Angleterre est décrite comme à moitié paralysée.
Les autorités médicales ne sont pas préparées, il n'y a ni remède ni traitement (cf.'Les moyens de lutte'), les corps sont enterrés dans des fosses communes... .
Dujarric de la Rivière, travaillant à l'Institut Pasteur de Paris, finit par reconnaître une origine infectieuse et certaines mesures sont donc quand même prises. En effet, en octobre, des masques sont utilisés. Ainsi, à Seattle, le poinçonneur ne doit laisser monter aucun passager sans masque. Même les forces de l'ordre sont équipées. Des hôpitaux de campagne sont crées car les autres débordent. L'hygiène est améliorée : les patients sont isolés, des désinfectants antiseptiques sont utilisés... Les lieux publics tels que les théâtres, écoles, cinémas, salles de danse sont fermés par le gouvernement en octobre 1918. Même les églises sont finalement fermées. Les rassemblements sont interdits, la société s'organise. Cependant, les préfets ne suivent pas complètement ces recommandations même s'ils font quand même un réel effort d’assainissement par l’organisation du ramassage des ordures et la vaporisation d’antiseptiques dans les supposés "foyers d’épidémie".
Le 15 octobre 1918, l'Académie de Médecine demande de désencombrer les locaux, espacer les lits, installer les grippés dans des services spéciaux et séparer les cas graves des cas moins compliqués, isoler le mieux possible les malades (paravents, draps suspendus... ; un isolement complet étant impossible à cause d'un manque de place), et enfin interdire les visites. En effet, la situation des hôpitaux était déplorable. Les services étaient encombrés, des salles spéciales devaient être créées, et les corps étaient donc entassés, on manquait de médecins et beaucoup étaient atteints de la maladie...
Ambulance en 1918
Hôpital de fortune au Kansas (USA) en 1918
Hôpitaux de campagnes en 1918
Lits de fortune en 1918
Affiche de fermeture d'un magasin dont le propriétaire a été contaminé (USA), 1918