Une réaction rapide et efficace des médecins face à un virus étranger

    A l’annonce de l’apparition d’un nouveau type de virus de la grippe, les médecins, chercheurs et infirmiers ont agi très vite. 

    En effet, le
génome du virus a été séquencé très rapidement (par le laboratoire national de microbiologie de l'Agence de santé publique du Canada début mai) et ainsi les différents tests ont été adaptés puisque ceux effectués habituellement étaient inefficaces.

 
    Ainsi, les malades sont admis à l’hôpital dans les temps en cas d’aggravation et les personnes atteintes du virus sont mis dans des salles spéciales "grippe A" pour éviter la contagion. Le service médical est divisé : les médecins s’occupant des grippés ne croisent pas les autres patients. Dans de nombreux hôpitaux, des tentes sont mises en place devant l’entrée afin que les personnes présentant les symptômes de la grippe puissent être auscultées par des médecins et infirmières portant des masques. Ils peuvent ainsi repartir chez eux avec les prescriptions adéquates ou alors être hospitalisés en cas de forme grave de la grippe, le tout sans avoir contaminé d'autres patients.

 
    De plus, l’accueil dans les services de réanimation a été bien préparé et organisé. Ainsi, les circuits par lesquels passaient les patients étaient bien définis, les lits prêts et libres… Ils n’étaient donc pas débordés et par conséquent plus efficaces. Ces services seront également divisés : d’un coté les patients grippés et les autres de l’autre.
 

    Des antiviraux ont été également mis en circulation.

    
Mais quels sont exactement ces antiviraux que nous connaissons tous sous le nom de Tamiflu ?

    Ces antiviraux permettent de combattre le virus. Il ne faut pas les utiliser trop rapidement et trop abondamment car le virus peut devenir résistant, comme les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques.

    En effet, des mutations ponctuelles de la séquence des acides aminés de la neuraminidase peuvent la rendre moins sensible aux antiviraux. On a pu par exemple identifier le remplacement d'une histidine par une tyrosine (deux acides aminés différents) en 274 sur cette chaîne protéique. Des mutations ayant lieu sur l'hémagglutinine peuvent également avoir lieu, rendant ainsi le virus moins dépendant de la neuraminidase. Cependant, ces virus mutants ne sont que peu pathogènes et n'entraînent donc pas de pandémie. On peut penser que cette résistance est donc due à des mutations aléatoires, mais rien n'est prouvé. Une utilisation abusive des antiviraux est peut-être en cause, mais rien n'est sûr car les premiers virus résistants sont apparus dans les pays nordiques qui n'utilisaient pas ces produits.

    Au début, ils étaient donnés automatiquement, mais, mi-août, l’OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé) ordonne de les réserver aux personnes gravement atteintes et aux personnes à risque (cf. ‘Les symptômes, complications de la grippe et ses catégories à risque‘).

    Le virus de 2009 était sensible aux inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir et zanamivir) et résistant aux inhibiteurs de la protéine M2, les adamantanes. Cette résistance aux adamantances est due à une mutation S31N du gène M2 du virus.  Les inhibiteurs de la protéine M2 sont souvent évités lors des pandémies pour causes d'effets secondaires sévères (troubles neurologiques).

    L’oseltamivir (Tamiflu®) et le zanamivir (Relanza®) agissent à la fin du cycle de réplication du virus. En bloquant l’action de la neuraminidase qui coupe la liaison entre l'hémagglutinine et l'acide sialique, ils empêchent la libération par la cellule hôte des copies du virus. Ils permettent ainsi de stopper, ou au moins de ralentir, la diffusion du virus dans l’organisme et donc de diminuer les symptômes, d’écourter la maladie et d’éviter les complications. Cependant, ce virus progresse très rapidement, il faut donc administrer ces antiviraux dans un délai de 48h si l’on veut qu’ils soient utiles.

    ==> Administration de l’oseltamivir
-          Chez l’adulte et l’enfant de 13 ans et plus :
. En curatif (traitement de la grippe, une fois déclarée) : une gélule de 75mg deux fois par jours pendant cinq jours.
. En prophylaxie (à titre préventif après une exposition au virus) : une gélule de 75mg par jour pendant dix jours.
-          Chez les enfants de 1 à 10 ans :
Les doses sont en fonction du poids.
    Cet antiviral peut déclencher des effets secondaires non graves (vomissements, douleurs abdominales, cauchemars chez les enfants)
    Il aurait été efficace sur le virus de 1918.


    ==> Administration du zanamivir (sous forme d’inhalation)
    Il ne peut être donné qu’à partir de 5 ans à raison de deux inhalations de 5 mg deux fois par jour pendant cinq jours en curatif et de deux inhalations de 5 mg une fois par jour pendant dix jours en prophylaxie.
 
    L’évolution a été favorable pour tous les cas ayant reçu un traitement anti­viral dans les 48 heures suivant le début des signes cliniques. Chez les personnes avec des facteurs de risque, le traitement anti­viral a débuté dans les 48 heures suivant le début des signes cliniques dans 56% des cas.



    Enfin, le vaccin a été créé et mis en circulation très rapidement également puisque la séquence complète du génome du virus était connue.

    Au 28 février 2010, 2,7 sur 36,4 millions (7,1 %) de Français âgés de 18 à 60 sont vaccinés contre le nouveau virus grippal A(H1N1)2009


 

                       ==> Le principe de la vaccination (voir aussi 'Histoire de la vaccination')
 
    La vaccination a pour but de donner à l’organisme les moyens de se défendre efficacement lorsqu’il est confronté de manière accidentelle pour la première fois à un antigène.

    Pour cela, on utilise les virus contre lesquels on veut se protéger mais atténués (c'est à dire auxquels on a, par exemple, supprimé les gènes responsables de la virulence), donc ayant gardé assez de ressemblance avec l’antigène contre lequel on cherche à se protéger pour que la défense mémorisée (cf. 'Réponse et mémoire immunitaire') contre l’antigène atténué soit également efficace contre l’élément pathogène (qui est le virus grippal non atténué). Mais ces composants sont rendus tout d’abord non nocifs pour l’organisme. Ainsi, pour la grippe, on injecte les protéines constituants les antigènes de surface.

   Cette mise en contact de l’organisme avec ces composants déclenche une réaction immunitaire efficace. Cette réaction sera donc mémorisée (cf. ‘Réponse et mémoire immunitaire‘). La mémoire immunitaire ainsi constituée sera utilisée en cas de contact ultérieur avec la version pathogène du même antigène. Cette mesure préventive est durable pendant toute la vie des cellules mémoires. C’est pour cela que l’on utilise des rappels de vaccination car le nombre de cellules mémoires ré-augmente à chaque nouveau contact avec le virus. Dans le cas de la grippe, le vaccin est refait chaque année puisque le virus mute.

    Pour les vaccins proposés contre la grippe A/H1N1 de 2009, il a également été ajouté des adjuvants (un mélange de lipides et d’émulsifiants) qui servent à améliorer l’efficacité des vaccins en renforçant la réponse immunitaire et à élargir sa spécificité (les vaccins auraient eu plus de chance de rester efficace si le virus avait muté). Mais ces adjuvants peuvent aussi provoquer des effets secondaires.

    La culture du virus atténué se fait sur des embryons de poulets. Cela permet une production en masse du virus. Chaque œuf fournit 8 à 10 millilitres de liquide allantoïque (urine de l’embryon composée d’urate et des déchets du métabolisme de l’embryon pendant sa croissance) chargé de virus. Le tout est purifié par centrifugation à grande vitesse (rotation rapide s’effectuant à l’horizontal). C’est ainsi que le vaccin est produit. Le virus est ensuite récolté dans le blanc d’oeuf, purifié, puis inactivé par réactions chimiques. Puis, ils sont cassés et leurs protéines antigéniques sont recueillies car elles constituent le principe actif du vaccin. Ensuite, de nombreux contrôles qualité sont effectués. Le vaccin est donc ensuite testé sur des personnes volontaires afin de surveiller les effets secondaires et de vérifier qu’il est bien efficace contre le virus qui nous intéresse. Il est ensuite crée en grande dose pour être finalement distribué.

    Les personnes allergiques aux oeufs ne peuvent donc pas se faire vacciner contre la grippe.





 
 
 



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